HOMMAGE à Antoine ANTON

HOMMAGE à Antoine ANTON

Hommage sonore en compagnie d’Antoine Anton :

  • Les 20 ans de Radio Collège en 2005, Antoine Anton parle de la fondation de Radio Collège, des grands moments de ces 20 dernières années et de son avenir.

 

  • A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, Antoine Anton est l’invité de Ben dans l’émission « Planet Black Music ». Il nous parle de son Algérie natale et de son parcours durant les années de conflit et de l’Algérie d’aujourd’hui. initialement diffusée le 1er avril 2012.

 Quelques mots et images sur le fondateur de Radio Collège :

Antoine ANTON est né à Oran en Algérie, quartier de St Pierre (il y tient…)

Il arrive à Chatelaillon en famille dans les années 70. Après plusieurs établissements et notamment le Collège Albert Camus en tant que Surveillant général, un nouveau défi s’offre à lui avec l’ouverture d’un nouveau collège, le « Fief des galères » d’Aytré où il devient Conseiller Principal d’Education (CPE).

Dès l’ouverture de l’établissement, il trouve au sein du quartier Pierre Loti, le terrain idéal à la mise en place de méthodes pédagogiques innovantes basées sur une longue réflexion personnelle à propos de l’échec scolaire et des effets induits par cet échec.

« Rendre l’enfant acteur de ses apprentissages et en faire un citoyen éclairé. »

Et c’est grâce à l’utilisation des méthodes actives et en profitant de la démocratisation des moyens de communications de l’époque qu’il va parvenir à créer « Radio Collège ». Un outil qui prendra en compte les données psycho-pédagogiques et socio-économiques du public auquel il s’adresse.

 

Pour Antoine Anton, il faut créer un espace dans lequel les enfants vont pouvoir s’investir intégralement, en grandeur réelle et dans des conditions professionnelles. Cela impliquera une motivation accrue et la reconnaissance de compétences particulières.

En d’autres termes, on prendra les enfants au sérieux car c’est un outil professionnel et ils seront reconnus comme tels !

« On ne joue pas à être journaliste à Radio Collège, on est journaliste »

La première année scolaire, 1981-1982, le groupe d’études spécifiques qu’il initie au sein de l’équipe pédagogique, met particulièrement en évidence la nécessité d’une action globale et cohérente, impérativement à long terme. Ainsi naît le Projet d’Action Éducative « Et si l’on faisait de la radio »

1981, c’est l’ouverture de la bande FM. Une multitude de radios locales va éclore.

1982-83, Antoine Anton engage la première tranche d’équipement qui va permettre la sonorisation de la cour intérieure du collège d’Aytré.

C’est aussi l’année du premier émetteur de faible puissance qu’il bricole grâce au soutien financier des élèves et qui permet les premières émissions « à titre expérimental » (pour ne pas dire pirate..) sur la fréquence 89.3 FM

1983-84, c’est le dépôt du dossier de demande d’autorisation d’émettre à la Haute autorité de l’Audiovisuel (CSA actuel).

La priorité est donnée à l’actualité. Antoine Anton se rapproche de Claude Pons qui mène de son coté le projet de l’atelier radio du collège Pierre Mendès France à La Rochelle dans le quartier de Mireuil. C’est le début d’une collaboration entre les deux structures qui ne s’est jamais éteinte…

23 mars 1984, Radio Collège est officiellement une association, la même année, elle est autorisée à émettre sur la fréquence 94.8 FM

Mais Antoine Anton ne s’arrête pas au collège d’Aytré. Son expérience d’une information « aux ordres » des gouvernants lui donne la certitude que l’éducation aux médias est primordiale dans l’éducation des nouvelles générations. Pour que les élèves deviennent des citoyens éclairés, il faut développer leur esprit critique vis à vis de l’information. C’est pourquoi, il va participer aux travaux d’évaluation académique des PAE, réfléchir sur la lutte contre l’illéttrisme, créer (avec d’autres) l’ANAREMS, Association nationale des radios en milieu scolaire.

Radio Collège ne doit pas être une fin en soi elle ne l’a jamais été pour Antoine Anton. Il a toujours réfuté que ce soit « son bébé ».

« La radio doit être un outil au service de l’objectif pédagogique, elle n’a pas vocation à être autre chose »

 

Ainsi Radio Collège va devenir pour les 10 années suivantes, le terrain d’expérimentations d’à peu près toutes les innovations technologiques de l’époque (1er PC informatique, réseau Minitel, fil d’actualité de l’AFP, serveur télématique interne, productions vidéos, etc…) et accompagner les équipes éducatives dans leur volonté de développer l’éducation aux médias.

En 1986-87, après la tenue des premières assises de l’ANAREMS, Antoine Anton continue son travail pour que Radio Collège soit un outil POUR les élèves, PAR les élèves. Il lance un grand chantier d’appropriation des locaux par les enfants avec un concours de dessins. Les élèves proposent des dessins, tous les élèves du collège d’Aytré votent pour ceux qu’ils veulent voir figurer sur les murs du studio, les élèves les réalisent avec le soutien du professeur d’arts plastiques du collège, Patrick Toucas. Cette opération se concrétisera par les fresques qui sont devenues l’identité de nos studios. (Il faudra penser à les classer aux monuments historiques…).

Toujours dans l’optique du partage, en plus des ateliers réguliers, Antoine Anton souhaite ouvrir la curiosité des élèves à ce qui se passe dans le Monde et à valoriser la créativité du collège. Il organise la même année (1987-88) un Multiplex avec six villes à travers le monde ainsi qu’une grande opération de solidarité pour le 1000è jour de détention des otages français du Liban en compagnie de Joëlle Kaufmann.

Toujours là.. Attentif et bienveillant, prodiguant ses conseils et attirant l’attention de ses jeunes journalistes

Après avoir réalisé de multiples analyses, créations, évaluations, rapports, les capacités de l’outil radiophonique sont maintenant bien établies. Il s’agit dorénavant de partager avec les pédagogues, enseignants ou éducateurs et la formation des adultes est son nouveau cheval de bataille. Antoine Anton devient formateur pour le CLEMI.(Centre de liaison de l’enseignement et des moyens d’information)

En parallèle de l’aménagement des studios qu’il continue de moderniser, il aide à la mise en place d’ateliers radio dans 2 lycées rochelais, d’une « option communication » avec un travail en ateliers décloisonnés (innovant à l’époque) et soutient l’accueil de jeunes de la Mission Locale vers la professionnalisation.

Les années 90 marquent un tournant dans le développement de Radio Collège :

C’est la « Nuit Bleue » en 1992 qui va donner à Radio Collège la fréquence qu’elle a dorénavant :  95.9FM

Avec la reconnaissance de cette fréquence définitive, c’est la crédibilité du travail réalisé qui est affirmée par les autorités de tutelle. L’occasion d’en faire un événement à l’antenne de la radio…

C’est aussi pour Antoine Anton la volonté réaffirmée de miser sur la diversité. En plus d’accentuer la participation de la radio à la Semaine de la Presse à l’école, il permet la mise en place de nouveaux programmes à destination des jeunes et de tous les publics. Sont nées début des années 90 des émissions sur le Punk Rock, la musique industrielle, le jazz et bien sur le Musette… Réticent à l’époque il a constaté que Radio Collège devenait un média local intergénérationnel. 

Un peu anarchiste, surtout anticonformiste et déjà Charlie Hebdo. Tout y est ! –>

« Ce qui est bien avec Radio Collège c’est que tous le monde y trouve son plaisir »


 

Radio Collège va profiter des aides de l’établissement avec la mise à disposition des « Services civiques » de l’époque, période ou l’on pouvait réaliser son service militaire dans l’éducation nationale… Michael, Cédric, Stéphane et bien d’autres vont y faire leurs armes et vont attraper le virus.. C’est aussi le moyen d’accroître l’activité de l’atelier radio du collège d’Aytré et l’information locale.

 

Les partenariats extérieurs se multiplient et fort logiquement, Antoine Anton inscrit Radio Collège dans des actions liées à la politique de la ville. Des programmes spécifiques sont créés avec l’EPRA, des échanges de programmes dans toute la France, et des opérations ponctuelles de dialogues entre les générations.

 

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« 

 

 

« Qu’est ce qu’ils pensent, les jeunes ? »

un programme qu’il a souhaité et qui va mettre face à face les jeunes des quartiers de La Rochelle et les décideurs politiques. C’était en 1997.

Un grand moment de radio.

 

 

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Toujours à la pointe de l’innovation Antoine Anton va être précurseur au développement des premiers outils de diffusion automatiques de la bande FM. Il contribue à l’évaluation des premiers juke-box robotisés pilotés par Macintosh (la marque à la pomme…) dont Radio Collège va hériter et qui vont permettre à Radio Collège d’amplifier ses tranches horaires de diffusion.

 

Début des années 2000, outre la chute de l’antenne suite à une grosse tempête… c’est la refondation complète des studios de Radio Collège. Les choix techniques d’Antoine Anton donnent aux activités radio un regain de jeunesse avec du matériel totalement professionnel. Les jeunes de l’atelier radio s’en donnent à cœur joie et les bénévoles aussi !

« Je continu à clamer que la radio ne m’intéresse pas mais qu’elle est un formidable outil d’éducation »


En 2002, Radio Collège a maintenant 2 salariés à temps plein. Les grandes manifestations sont couvertes, les partenariats s’intensifient (CDDP, Rallye d’automne, Ecole de la mer, Salon des éditeurs, écoles, lycées, etc..). Rien qu’au collège d’Aytré, plus de 80 élèves viennent chaque semaine faire leur émission entre 13h et 14h. Une belle énergie!

 

C’est l’heure de se reposer un peu avec la retraite de l’Education Nationale, et pourquoi pas aussi de la radio. Les anciens sont là pour l’association avec Olivier Duguy, nouveau président, les salariés accompagnent avec Thierry et Stéphane, les projets fleurissent.

 

C’est sans compter sur les capacités de certaines personnes à casser ce qu’ils ont de plus beau… et c’est ce qui interviendra à partir de 2003 lorsque, contre toute attente, l’Education Nationale décidera de considérer Radio Collège comme un cancer (dixit) dans l’établissement.

Ici n’est pas le lieu de détailler ce que fut le combat que livra Antoine Anton pour sauver Radio Collège. Il faut seulement savoir que les attaques incessantes, infâmantes, mensongères, violentes, à son égard et contre la radio ne l’ont pas laissé indemne de blessures.

 

« Radio Collège doit sa survie à Antoine Anton. »

 

Après avoir remué ciel et terre, rassemblé tous les soutiens possibles et imaginables, éducatifs, administratifs, politiques, sans compter l’intervention des auditeurs, il parvient à un accord in extremis, mettant Radio Collège en situation difficile mais en sauvegardant l’outil au service des élèves.

 

 


2005, c’est l’année des 20 ans. Le conflit est derrière nous, Antoine Anton décide de fêter ça et surtout de remercier les acteurs de la radio, animateurs, partenaires radio (même en Espagne grâce à Claude Pons) mais aussi parents et élèves.

C’est aussi l’occasion de voir que le travail n’a pas été vain…

 

Antoine Anton à la fin de la journée anniversaire :

 

Radio Collège est reconnue pleinement dans son rôle de radio de communication sociale de proximité. Avec le concours de la Communauté d’agglomération, le travail vers les publics des quartiers évolue notamment avec un soutien particulier à l’atelier radio du lycée Saint Exupéry. Une matinale est crée avec Daniel Callaud qu’Antoine Anton a souhaité recruter pour animer l’antenne.

 

C’est l’époque également de la création de la Fédération des Radios Associatives Non Commerciales du Poitou-Charentes. Il considère qu’à plusieurs radios on peu s’aider et surtout faire des actions communes. Ce sera le cas lors des rencontres jeunesses initiées par la Région. On appelait ça les « CréaTeufs », l’occasion de montrer le savoir-faire des jeunes en matière de reportage et de journalisme.

L’objectif de faire de Radio Collège une radio professionnelle au service de la communauté est atteint et doit maintenant perdurer.

En 2015, Antoine Anton décide de passer la main à une nouvelle équipe, de nouveaux projets. Michel Guerrand, ancien président de Radio Collège à l’époque de son activité de principal du collège prend le témoin…

Hommage sonore en compagnie d’Antoine Anton :

  • Les 20 ans de Radio Collège en 2005, Antoine Anton parle de la fondation de Radio Collège, des grands moments de ces 20 dernières années et de son avenir.

 

  • A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, Antoine Anton est l’invité de Ben dans l’émission « Planet Black Music ». Il nous parle de son Algérie natale et de son parcours au long des années de conflit et de l’Algérie d’aujourd’hui. initialement diffusée le 1er avril 2012.

 


Un pionnier disparaît
Un ami nous a quitté
Antoine Anton a toujours eu une haute idée de son métier d’éducateur et avait, très tôt, perçu la nécessité de rendre l’enfant acteur de son savoir. En créant puis animant une radio en milieu scolaire, il donnait aux jeunes un outil performant d’éducation aux médias.
Pendant onze années , j’ai eu le plaisir de travailler avec Antoine au collège qui s’appelait encore « Le fief des galères » et ai pu apprécier sa disponibilité, sa rigueur et ses qualités humaines d’éducateur soucieux de justice et d’efficacité.
Adieu, Antoine, merci pour ton engagement éducatif et pour tout ce que tu as apporté à nos jeunes !
Michel Guerrand, ancien principal du collège d’Aytré( 1988-1999), président de l’association Radio Collège depuis 2015


Samedi dernier, Mr Anton, fondateur de Radio Collège et CPE au collège d’Aytré, nous a quittés.
Je suis arrivé au collège d’Aytré à son ouverture début des années 80 en classe de 6eme avec comme CPE Mr Anton.
C’est en 1982 qu’un projet de radio a été lancé pour la couverture de la transat « la Rochelle – Nouvelle Orléans » projet mis en place par Mr Anton.
Je me suis engagé dans ce projet étant alors en classe de 5eme. Depuis cette date je n’ai jamais quitté le collège au sein de la radio. Aujourd’hui, cela fait 32 ans que je travaille à Radio Collège. Je le dois à Mr Anton. Il était parfois dur…mais toujours juste.
Si la radio a pu continuer à vivre depuis tout ce temps c’est grâce à lui. Cela n’a pas toujours été simple … Mais que de souvenirs durant toutes ses années de radio avec lui !
Sa mémoire sera toujours présente dans les studios de la radio…Et il doit bien y avoir un accès internet la haut.
A la lecture de tous les commentaires sur les réseaux sociaux suite à son décès, je me rends compte combien cet homme a marqué, en bien, les esprits de ceux qui l’ont connu.
Je ne l’ai jamais tutoyé durant toutes ses années. Sans doute une marque de respect.
Bonne écoute de là haut et merci .

Thierry LECOQ, salarié de Radio Collège depuis 1990



Antoine Anton fait partie des hommes qui marquent la vie de ceux qu’il rencontre, par son charisme, son regard, sa voix…

J’ai rencontré Monsieur Anton en tant que service civique au collège d’Aytré en septembre 1996. Discussion, salle café de la radio envahie de fumée de cigarettes (pas que les siennes à l’époque), sur ce qui m’amène dans l’établissement. Je ne sais pas encore qu’il y a une radio ici.

Par le plus grand des hasards je suis arrivé dans LE projet qui allait finaliser mes recherches en pédagogie de projet réalisées l’année passée à l’IUFM de Niort. Autant dire que j’avais devant moi la personne en capacité de m’expliquer… Mais Antoine Anton n’est pas de ce style là, à transmettre directement, frontalement. Il faut que je mette les mains dans la glaise et que je me façonne mes propres outils.

Ni une, ni deux, je suis en situation de produire en radio. 1ère leçon : « Tu fais et tu comprends l’expérience ».

Puis c’est la définition de mes futures missions, la rencontre avec les jeunes de l’atelier radio entre 13h et 14h : Multitude d’âges, de caractères, de vies personnelles, d’énergies, de volontés. 2ème leçon : « Tu mets l’humain au cœur de tes pratiques ».

Les activités se développent et nous avons quasi quotidiennement des discussions, sur les pratiques, tel ou tel sentiments d’enfants, des problèmes qui sont apparus à l’atelier et les moyens d’y remédier, les soucis techniques, etc… toujours sous perfusion de café. Il s’agit aussi de valoriser ce qui fonctionne et surtout de constater les succès des enfants. 3ème leçon : « Les enfants doivent avoir du plaisir à faire ce qu’ils font à la radio. L’aspect ludique de la radio est fondamental à la motivation. »

Ces moments me manquent. Prendre le temps. Discuter, comprendre, tenter de s’expliquer, écouter aussi… beaucoup.

Début 2000, l’évolution de Radio Collège, outil de communication sociale de proximité, nous conduit à réaliser de plus en plus de programmes avec les associations et les structures d’éducation populaire locales. Les rencontres et les projets se multiplient, c’est à ce moment là que j’ai compris ce qu’Antoine Anton me disait sur sa curiosité de la nature humaine. 4ème leçon : « On ne peut pas faire de radio sans être curieux de ses invités, essayer de les comprendre et surtout s’intéresser à eux ».

J’ai forgé avec Antoine Anton une très grande partie de mes outils de compréhension de la société actuelle. Par ses explications historiques, philosophiques ou sociologiques d’abord, puis pédagogiques, j’ai réussi à construire une pratique professionnelle fidèle à nos idéaux.

Mais « faire de la radio ce n’est pas une fin en soit » disait-il, c’est avant tout être militant au service de l’éducation à la citoyenneté et des grandes idées humanistes. Antoine Anton était intransigeant sur les règles élémentaires que sont, le respect des personnes et des biens, la liberté de pensée, l’égalité entre les peuples et surtout la laïcité : 5ème leçon.

ENGAGÉ. Lutter contre l’obscurantisme, l’ignorance, les discriminations et les extrémismes sont des marques de fabrique chez lui… Je crois que l’on peut dire que Mr Anton était engagé dans ses convictions, dans ses valeurs et de la manière de les mettre en oeuvre. Mais sa curiosité naturelle, humaniste, l’amenait toujours à réfléchir sur telle ou telle situation. Il avait alors la lucidité de l’analyse et sa prose poétique était alors très agréable à lire… Un plaisir du sens des mots qu’il a surement pris à Brassens et Camus…

Nos discussions vont terriblement me manquer, mais le souvenir reste. Je crois que je ne perds pas seulement un « patron », je perds surtout mon mentor. 

Merci d’avoir fait ce que je suis.

Stéphane BONNIFET, salarié de Radio Collège depuis 1998

 

 

 


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